Samedi soir, dîner à l’embarcadère de Gorée, à l’occasion de l’anniversaire d’un des copains de mon patron coloc … encore un qui travaille dans une agence de com (les toubabs des agences de com ont l’air de constituer une communauté à part entière ici), et qui n’est pas sans évoquer l’incarnation de Beigbeder par Jean Dujardin dans 99 francs : même coupe de cheveux, mêmes blagues pourries qui fusent en permanence, mais sympathique au demeurant.
Le lendemain, retour à l’embarcadère, après avoir trouvé un bus pour m’y amener (d’où l’intérêt de devenir copain avec le « boutiquier du coin ») troisième passage en 24 h, cette fois-ci sera la bonne, je m’embarque pour Gorée. Traversée de 15 minutes, et je pose le pied sur cette « île de mémoire ».
Jolies maisons, à l’européenne, je me demande où sont passées les maisons équivalentes qui avaient dues être construites à Dakar à la même époque, pourquoi n’en reste-t-il rien ?
Je fais le tour de l’île, un petit tour au « musée historique » (pas complètement fou comme musée, en même temps c’est 500 francs l’entrée, donc moins d’un euro, donc on peut se permettre d’aller jeter un coup d’œil : quelques explications sur le néolithique avec une ou deux pierres taillées dans une vitrine, une salle sur l’esclavage, vous aurez les mêmes explications en plus condensé à la maison des esclaves, des explications sur les différents empires et royaumes du Sénégal, là on apprend des choses, mais c’est assez dense, et enfin une salle sur le catholicisme au Sénégal, une sur l’islam au Sénégal), dommage, il est déjà 13h, et la maison des esclaves ne rouvre qu’à 14h30. Je patiente donc en regardant d’un œil distrait le match de foot qui se déroule sur la place principale de l’île, c’est la coupe du maire de Gorée.
L’occasion de tchatcher avec des pompiers qui me convient à manger du thiep bou dien (orthographe variable, c’est en tout cas le plat national sénégalais, à base de riz et de poisson). Allez, pourquoi pas, mais d'abord, direction la maison des esclaves, pour faire la fameuse visite. Pas aussi imposant ou impressionnant que ce que j'imaginais, mais le conservateur est conforme à l'image que j'en avais eu à la télé, voix de stentor pour expliquer comment fonctionnait la traite des Noirs à Gorée. Ce qui me surprend le plus, c'est que les marchands d'esclaves habitaient juste au-dessus des cellules des esclaves. En haut, de belles pièces aux larges fenêtres, en bas, des cellules où étaient entassés les captifs. N'avaient-ils pas du mal à dormir l'esprit tranquille ? Bon finalement, nous aussi on vit tranquillement dans nos beaux quartiers alors qu'il y a des gens dans des bidonvilles à quelques kilomètres, finalement l'indifférence ne doit pas être si difficile.
Après la visite, je suis donc allée manger chez les pompiers. On leur a affecté l'ancienne maison du gouverneur de l'île, ou quelque chose comme ça. Ça devait être une belle demeure, en son temps. Maintenant, le grand escalier en bois est tout vermoulu (j'étais un peu inquiète en le gravissant, un jour il s'écroulera sous le poids de quelqu'un), et les pompiers occupent des chambres aux vastes fenêtres, avec une hauteur sous plafond impressionnante, mais meublées en tout et pour tout d'un matelas vraiment pourri à même le sol et d'un placard en fer. Décor surprenant, pour une caserne.