du chat ! du rat ! ou même des animaux mystérieux dont je n'ai jamais entendu parler !
Non rassurez-vous, malgré mon ouverture d'esprit assez large (je ne me vante pas tant que ça, elle était suffisante pour impressionner mon gardien au Mali, quand nous mangions ensemble du riz sauce arachide dans une large bassine en plastique :"eeeh, Anne, toi, même au village, tu vas pas souffrir ! Toi tu peux manger africain, alors que y a Africains qui ont grandi en Europe, eux ils peuvent pas manger riz sauce arachide". Bon, ne nous enflammons pas non plus, le riz sauce arachide, c'est du riz qui a le goût de cacahuète, c'est plutôt bon, et ça ne me posait pas de problème d'en manger un jour sur deux - à 100 francs l'assiette, soit 0,15 €, c'est le meilleur deal pour se nourrir à peu de frais à Bamako-, je n'en dirais pas tant de la sauce gombo par exemple que j'ai soigneusement évitée au cours de mon séjour), je n'en suis pas encore venue à tester ces aliments plutôt surprenants.
Mais j'ai découvert aujourd'hui que manger du chat ou du rat était monnaie courante à Abidjan. Et tout le monde m'a soutenu que "hiiii ! chat, c'est doux, dê !" (le rat aussi d'ailleurs). Et les anecdotes de pleuvoir : le jour où la voisine du chauffeur a cherché son chat partout, qui avait été mangé la veille par les habitants des maisons environnantes, le jour où le jeune stagiaire comptable a fait manger du chat à une de ses connaissances à son insu, qui s'est exclamé "quoi ?! comment !? c'était du chat ?!" avant de conclure :"bon, euh, c'était bon, tu me fais signe la prochaine fois que tu en prépares".
On m'a fourni toute la recette : comment tuer le chat, d'abord (et je ne crois pas qu'on se soucie vraiment de la douleur de la bête), puis comment l'assaisonner et le faire cuire.
Après ça, tout le monde n'avait plus qu'une idée en tête, me faire manger du chat. Mais chacun ses préventions alimentaires, le chauffeur qui me vantait le bon goût du chat n'envisageait pas en revanche un seul instant de manger de la grenouille (autre menu proposé par notre jeune expert comptable décidément très imaginatif en matière culinaire).
En conclusion, je fais des efforts (ça paiera peut-être un jour si je suis sélectionnée pour Koh Lanta) : j'ai ainsi avalé sans broncher un plat fait de foutou (préparation pâteuse à base de banane plantain et de farine de manioc) accompagné d'une "sauce" qui contenait à la fois du poisson séché, de la queue de boeuf, et de l'escargot -et je peux vous dire que les escargots d'ici n'ont qu'une très distante parenté avec ceux de chez nous qu'on mange avec une bonne dose de beurre - mais amis des animaux, dormez tranquille, je compte bien me tenir à distance de tout plat de chat !