dimanche 30 mai 2010

Ici


j'ai passé l'essentiel de mon existence, ces deux derniers mois. 
En bas, le bureau. 
En haut, mes appartements (deux pièces entières pour moi toute seule, plus une salle de bain qui fait la taille de ma chambre rue Nélaton. Le seul truc, c'est que ce n'est pas meublé Ikea comme j'aime. Les draps marrons à fleurs sélectionnés par mon collègue ne me permettaient pas de me sentir parfaitement dans mon élément ... surtout que je dis les draps, mais c'était un ensemble, il y avait aussi les rideaux assortis !).

samedi 29 mai 2010

Kambe !

Au revoir, un des rares mots que je maîtrise en bambara. 
Voici venue peut-être ma dernière soirée à Bamako. Après un bon nombre de visites à l'ambassade de la Côte d'Ivoire (mais je leur pardonne : les canapés y sont confortables, et le climatiseur géant m'a paru particulièrement efficace. 20° de moins que dehors, c'est peut-être un peu trop quand même), j'ai fini par obtenir un visa. Un mois seulement (parce que les dates prévisionnelles indiquées sur mon ordre de mission correspondaient à une période d'un mois et cinq jours, on m'avait donc dit de prendre le visa trois mois entrées multiples, mais figurez-vous que l'ambassade de la Côte d'Ivoire m'a dit : oui, vous payez le visa trois mois, mais votre visa, on ne vous l'accorde que pour un mois et cinq jours, puisque ce sont les dates indiquées sur votre ordre de mission et votre certificat d'hébergement - deux des multiples pièces à produire, avec timbre de la maire d'Abidjan etc. pour obtenir le fameux sésame), mais on veut bien de moi en RCI ! 
Et finalement, après toutes ces visites, j'ai fini par m'attirer les bonnes grâces du personnel de l'ambassade, je me suis fait une copine (la dame chez qui on paie les visas, qui est en fait ma voisine, puisqu'on a découvert qu'on habitait à trois rues l'une de l'autre), et le monsieur des visas m'a demandé de repasser à mon retour pour lui faire un compte-rendu de mon séjour.
Jusqu'à ma sortie de l'ambassade avec mon passeport tamponné vendredi à 17h, j'étais dans l'incertitude, je ne savais pas quand exactement on finirait par me donner mon visa, le départ restait donc hypothétique dans mon esprit. Surtout qu'on m'avait dit d'abord que j'allais partir pour Dakar, puis le lendemain, c'était Abidjan qui était devenue ma destination, un ultime revirement était toujours possible.
Mais une fois mon visa en poche, il ne restait plus qu'à confirmer le billet d'avion, et voilà, je décolle demain à 13h, pour un mois à Abidjan. Après, peut-être le Sénégal, c'est ce qu'on m'a laissé entendre, mais on verra le moment venu. Je quitte donc peut-être Bamako pour longtemps. Pas mécontente de mettre un peu de distance entre moi et mon cher collègue (et c'est visiblement réciproque !), en revanche je crains que l'assistante fraîchement recrutée ne prenne la fuite une fois en tête-à-tête avec lui, pas mécontente non plus d'aller voir du pays (surtout que dans le pays en question, il y a la plage ! même si j'ai l'impression qu'il pleut tout le temps, j'ai bien l'intention d'aller me baigner !), et enfin plutôt satisfaite à l'idée de retrouver l'environnement rassurant d'une vraie entreprise avec des vrais gens dedans et pas moi toute seule, même si je conserverai de toute façon ma devise acquise ici : "il faut débrouiller, dé" !
Prochaines nouvelles en direct de la lagune, donc, ce sera peut-être toujours le pays des oranges vertes, en tout cas il paraît qu'on y mange bien, et que les fruits notamment y sont abondants et peu chers. 


mardi 25 mai 2010

dimanche 23 mai 2010

Zoo de Bamako

Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas allée au zoo. Je ne suis pas particulièrement amatrice de ce divertissement, mais le zoo de Bamako faisant partie des quelques rares destinations touristiques de la ville, j'étais résolue à aller y jeter un œil, malgré les préventions des divers guides ("les quelques rares animaux sont tristes à pleurer" etc.). 
La visite commence cependant par une bonne surprise : l'entrée, c'est 50 francs (7 centimes d'euros), je crois que j'en aurai forcément pour mon argent. Et effectivement, je suis agréablement surprise, il faut dire que je m'attendais au pire. 
Je commence par saluer "un très jeune phacochère", qui se vautre avec délice dans la boue. Il y a également des sortes de hérons (désolée, je ne suis pas une fille de la campagne, on prétend même que je serais capable de confondre une vache et un cheval, ne parlons donc pas d'identifier clairement un oiseau) et des espèces d'antilopes. 
Il y a ensuite des babouins, enfermés dans une cage, à l'exception d'un privilégié qui se promène à l'extérieur. Puis je découvre un chimpanzé, qui danse à la demande d'une visiteuse qui a l'air d'être une habituée (elle chante, et le chimpanzé danse, il se met même sur la tête, on dirait un danseur de hip hop), afin d'obtenir une mangue en récompense. Ce brave chimpanzé, qui se morfond dans sa cage délabrée, paraît bien à plaindre. Je ne suis pas une militante du droit des animaux, mais il est vrai que face à ce chimpanzé, il est difficile de ne pas s'interroger sur la légitimité de son enfermement. 

Je poursuis ma visite, accompagnée de mon tout nouvel ami du jour, Modibo. De guerre lasse, voyant que mon numéro de téléphone est classé secret défense, il finira par me lâcher au niveau des serpents. Entre-temps, nous passons devant les panthères, léthargiques, c'est le moins qu'on puisse dire, et les hyènes, elles aussi manquant cruellement de dynamisme, à l'exception d'une qui tourne en rond dans sa cage. C'est l'occasion de vérifier l'origine de l'expression "odeur de fauve", effectivement, son usage me paraît justifié.

Un bâtiment contient des reptiles (serpents en tous genres, crocodiles miniatures) et quelques poissons. Les vitres sont sales et l'on a parfois du mal à apercevoir l'animal qui se cache derrière. Il faut dire que souvent, le bocal est vide.

Je croise ensuite un lion, de nouveau des chimpanzés, des autruches, des paons, des pélicans, une nouvelle sorte d'antilopes. Il y a quand même des choses à voir, dans ce zoo ! 

jeudi 20 mai 2010

En moto dans les rues de Bamako

Je découvre les embouteillages de moto ... cette fois-ci de l'intérieur, après avoir pu observer le phénomène depuis le pick-up de mon entreprise. J'ai mon chauffeur de 97 kg derrière histoire de pimenter les choses (mais pourquoi ce n'est pas lui qui "chauffe" ? Parce que justement, je fais ma formation !). En dehors des grands axes, les rues sans éclairage avec des gens tout noirs (forcément) qui traversent dans la nuit noire, sans crier gare, mettent mes sens à rude épreuve ... Sans parler des dos d'âne de Bamako, parfois tous les trente mètres, une vraie monomanie. Petite moto, sensations fortes !
La bande son : les vrombissements du trafic alentour, et les cris de "c'est apprenti chauffeur" de mon chauffeur, en réponse aux gens mal lunés qui claxonnent ou s'exclament parce que je ne vais pas assez vite. Mais tout cela, c'est déjà du passé : Kalidou a décrété que désormais j'avais mon diplôme, je suis chauffeur confirmé, dé ! Et je peux vous dire que c'est bien plus facile quand on n'a pas 97 kg sur le dos (même si Kalidou a refusé de s'excuser sur ce point : moi : "Kalidou, tu es trop gros !", "Non, Anne, c'est pas moi qui suis gros, c'est tes pieds qui sont courts ! Bah oui, pas facile de "décoller" quand il faut pencher un peu la moto pour avoir les pieds par terre et qu'il faut arriver à faire la manoeuvre avec deux fois son poids derrière soi). 
Pour les cinq chutes garanties à tout apprenti que m'avait promises mon chef, le décompte n'a pas encore commencé. Pourvu que ça dure, inchallah (bon, au Mali, vous pouvez survivre sans ponctuer toutes vos phrases de inchallah, mais je n'en dirais pas tant du Sénégal, au vu de l'échantillon constitué par mes conversations avec mes collègues sénégalais). 

dimanche 16 mai 2010

Jazzy Koum Ben Festival

La semaine dernière, un festival de musique avait lieu à Bamako. Bien décidée à en profiter (forcément, c'était gratuit !), j'avais finalement dû reconsidérer chaque jour mon projet d'assister au concert de la soirée, pour des raisons diverses. Ce n'est donc que le samedi soir que j'ai pu aller me faire une idée sur la scène musicale bamakoise. Kalidou, mon chauffeur, m'avait déposée, je lui avais bien proposé de rester, mais il m'avait dit : "Jazz ! Anne, moi je écoute pas jazz ! Jazz c'est musique de vieux" ! et il ne s'était pas laissé convaincre par les deux jeunes Françaises qui accueillaient les visiteurs et qui insistaient : "C'est pas jazz, c'est jazzy !". 
Effectivement, c'était plutôt jazzy que jazz. 
J'étais arrivée en retard, je n'ai donc vu que la fin de la prestation d'un groupe américain, avec notamment un percussionniste déchaîné. Ensuite est apparu sur scène Boubacar Traoré, plus connu sous le nom de Karkar : un monument de la culture malienne, apparemment, que j'ai découvert à cette occasion. C'est un peu le Johnny local, puisque apparemment, il chante depuis les années 60. C'était d'ailleurs très bien, plus à mon goût que Johnny en tout cas, et j'ai compris tout l'intérêt de la musique live en voyant tous les jeunes Maliens de l'assistance reprendre en transe les chansons de Karkar : c'était un spectacle impressionnant que de voir ce monsieur qui a toute l'apparence d'un brave grand-père susciter une telle passion chez la jeunesse. 
Enfin il y eut la prestation d'un groupe français, Lo'Jo, j'ai également apprécié le spectacle, c'est marrant de voir qu'un groupe comme ça, qui se produit dans les MJC de banlieue en France, a quand même une carrière internationale qui passe par New York, Montréal ou Bamako (bon d'accord, Bamako n'a pas la réputation de compter parmi les lieux de référence de la culture mondiale, mais il y a quand même un bon nombre de musiciens maliens reconnus dans le monde entier. Le seul problème, c'est qu'ils sont donc la plupart du temps en tournée ailleurs qu'au Mali, donc quand on est à Bamako, on n'en profite pas forcément). 
Et puis pour conclure la soirée, place aux DJ pour faire danser l'assistance, ce qui m'a permis de montrer la scène à Kalidou venu me récupérer : "alors, c'est musique de vieux ?". "Hiii, répondit-il, c'est soirée toubab !".

samedi 15 mai 2010

Eh ! Toubab !

En tant que Blanc, comme je l'ai déjà dit, on ne passe pas inaperçu dans une métropole africaine telle que Bamako. J'ai déjà parlé de mes nombreux amis rencontrés en chemin, ils s'appellent Abdul, Adama, Akim, Hassan ou parfois Gabriel ou Fortuné, et se disent tous ravis de faire ma connaissance et très pressés de me revoir ... si je pouvais leur laisser mon "contact", c'est-à-dire mon numéro de téléphone. 
Cependant, on ne suscite pas seulement l'attention des jeunes gens en déambulant dans les rues. Les enfants sont également prompts à s'égayer au passage du toubab, même si j'ai l'impression que l'étonnement et l'excitation ont moins de vigueur que lors de mon séjour à Bobo il y a quelques années. Les demandes d'argent ou d'autres choses sont assez rares, le plus souvent les enfants rencontrés se contentent d'un "toubabou bonjour !" jovial ou ironique. Mais j'ai quand même fini par croiser des petits enfants tendant la main en me disant "Toubab ! Donne-moi l'argent". Il y a parfois des situations cocasses, quand par exemple un enfant auquel j'ai refusé 100 francs décide de changer de stratégie et me demande du coup 1000 francs. Il peut arriver également que les salutations n'en finissent pas, quand une bande d'enfants hauts comme trois pommes décident de me serrer tour à tour la main, et qu'une fois que j'en ai fini avec les derniers, les premiers sont déjà en train d'attendre la main tendue pour une nouvelle série de poignées de main. 
Les enfants ici sont adeptes du lance-pierre, et manient cette arme avec une dextérité assez remarquable parfois. Le week-end dernier, j'ai ainsi croisé tout un groupe qui chassait le lézard, sans grand succès cependant. Mais il y a quelques jours, j'ai trouvé une autre joyeuse équipée devant ma porte, qui chassait les oiseaux dans les arbres pour les rapporter chez eux et les manger, avec cette fois-ci un taux de réussite impressionnant. Et les enfants de me tendre leurs mains ensanglantées pour que je leur dise bonjour, tout en me montrant fièrement leur butin. 

La scène que j'ai préféré, néanmoins, s'est déroulée le jour où j'ai raccompagné mon assistante chez elle à moto. Elle n'a pas la chance d'habiter au bord du goudron, j'étais donc en train de me concentrer pour choisir avec précaution mon itinéraire entre les trous et les bosses de la voie qui mène chez elle, quand j'entends des enfants s'exclamer, en ne distinguant dans leur discours que l'expression bien connue de "toubabou mousso". Mais je ne tourne pas la tête, je salue encore moins de la main, je reste concentrée sur la route. Et voici que mon assistante se met à rire, je m'enquiers de la cause de son hilarité : "ce sont les enfants, ils disent qu'ils ne comprennent pas, ils te disent toubabou bonjour, tu ne réponds pas, alors ils te disent chinois bonjour, tu ne réponds toujours pas. Et donc ils disent "je ne comprends pas, elle n'est ni toubab, ni chinois, mais qu'est-ce qu'elle peut bien être !?!??" ". 
Quant aux filles, figurez-vous que je me suis fait une copine hier ! C'est un événement ! Noumou, appelée de tous Bijou, est ma voisine, elle habite de l'autre côté du "carré" (le pâté de maisons), nous avons devisé dans la rue, elle m'a ensuite conviée à l'accompagner chez elle, m'a présentée à tous ses voisins : "c'est Anne, c'est ma copine, c'est ma nouvelle copine", est partie prendre une douche, s'est donc changée sous mes yeux (ça faisait exactement cinq minutes que je la connaissais), puis s'est vêtue avec grand soin, m'a offert un bracelet après m'en avoir fait essayer plusieurs, en insistant pour que je le prenne, m'a expliqué que "tout ce que je voyais" (la chambre, la télé, les meubles ...), c'était "son copain" qui le lui donnait.
Et dans la vie, que fait-elle ? "Je faisais les études, mais ça n'a pas marché, là je fais le mannequinat". Effectivement, il y a un maquis pas loin où ont lieu des défilés, d'après ce que proclame la banderole dehors, je me demande en quoi consistent ces défilés, mais je pourrai aller voir à l'occasion ... elle m'a proposé de venir, mais elle m'a dit que c'était vers 1 h du matin en plein milieu de la semaine ! Moi je dors, à cette heure-là ! Car la journée de travail commence à 8h30 (ce qui est déjà tard, dans la fonction publique c'est 7h30), et il faut que je sois devant mon PC, car il faut que je montre le bon exemple à mon assistante ! 
D'ailleurs, mon chauffeur, qui a des vues sur Bijou (car Bijou est "claire", c'est même marqué sur sa carte d'identité, qui prévoit la mention de signes "distinctifs". Il est donc écrit teint : clair, puis cheveux : noirs, vous voyez le caractère "distinctif" de ces mentions, j'aimerais bien savoir qui, à part les albinos ici, n'a pas les cheveux "noirs" ! Ici être "claire" c'est un peu comme être blonde chez nous, et, de même que nous avons nos fausses blondes, il y a ici de fausses claires !), prétend qu'elle raconte des mensonges quand elle dit qu'elle fait des défilés. En tout cas, je n'aurai pas l'occasion de vérifier de sitôt, car hier soir, Bijou est passée me dire qu'elle partait en voyage chez son oncle, et qu'elle serait de retour dans deux semaines environ. C'était bien la peine que je me fasse une copine pour qu'elle disparaisse aussitôt !

lundi 10 mai 2010

Vie quotidienne (2) : Se déplacer

Et voilà ! Ça, c'est ma moto.

samedi 8 mai 2010

Yassa poulet

 
Couper les oignons et mettre du poivre ... beaucoup de poivre ! 
Ensuite mettre une bonne dose de vinaigre et mélanger tout ça.

Ajouter de la moutarde, là encore, soyez généreux ! 

Et puis, de peur que ça manque de goût, on rajoute un peu de poivron, sinon ça serait trop fade

Pour plus de précautions, ajoutez également un ou deux cubes Maggi dans le mélange. 


Parallèlement, faire "braiser" le poulet, après l'avoir soigneusement lavé à grande eau et découpé en morceaux : cela veut dire le plonger quelques minutes dans une marmite d'huile bouillante (mais vous avez le droit d'utiliser votre friteuse, même si c'est moins authentique). Vous noterez au passage la quantité de riz à faire pour deux ou trois personnes : on met tout le paquet, pourquoi se compliquer la vie ? 

 
Et puis finalement, faire cuire les oignons "marinés" dans la même marmite d'huile, en rajoutant le poulet braisé par dessus pour qu'il continue à cuire. 
Bilan : c'est bon ! mais c'est gras ...

lundi 3 mai 2010

Soirée sénégalaise

"Soirée sénégalaise" au CICB (ou Centre International de Conférences de Bamako, ex Palais des Congrès, c'était trop simple, comme nom), à l'occasion des festivités de l'indépendance. C'est le cinquantenaire, et je peux vous dire qu'on en entend parler ! Malheureusement, pour le Mali, la date officielle est en septembre, le 22 pour être exacte - même si en fait, c'est ensemble que le Sénégal et le Mali sont devenus indépendants de la France, à l'intérieur de la Fédération du Mali qui fut vite enterrée -, je n'assisterai donc pas aux véritables festivités.